Madame Wasabi !

Publié le par Marmotte

Madame Wasabi !

Nouvelle mission, nouveau trésor.

Je dois me rendre chez Madame Wasabi et ma responsable explique : - "Je vous mets sur le dossier mais je vous préviens : C’est une peau de boudin ! Il n'y a rien à faire alors ne répondez pas !"

Bon, bon bon... Le ton est donné. Le trésor va s’avérer être pourri infect !

Et en effet, Madame Wasabi, comme son sobriquet l’indique, est un peu…Hum... Pour le moins piquante ! Elle habite un petit village où tout le monde semble la connaitre. Elle a un chat dont j’ignore le nom, qui passe son temps sur le rebord de la fenêtre de la salle de bain.

Pour intervenir chez Madame Wasabi, il faut avant tout passer au bureau pour récupérer la clé puis ouvrir la porte ; Notant que Madame est tout à fait valide et en mesure d'ouvrir elle même cette foutue porte. Vous l'aurez compris, il s'agit juste de nous faire chier suer ! Bref !

Tous les lundis soir après ma journée, je dois donc passer au bureau et tous les lundis soir, quand la paume de ma main touche le clé, je me dis : "Et merde crotte ! Va falloir y aller demain" ; De la même façon, je fais chaque jeudi l’opération inverse et c'est alors avec soulagement que je rends la clé. C’est contraignant et cela le devient d’autant plus que Madame Wasabi est, effectivement, une indécrottable-au-caractère-de-cochon !

C'est lors de ma deuxième intervention qu'elle arrive derrière moi et se met soudain à hurler "MAIS VOUS ÊTES FOLLE !!!!! " tandis que je m'affaire dans la cuisine. Surprise, je fais une volte-face vers elle, la main sur le cœur : "Madame Wasabi ! Vous m’avez fait peur !!! ..." esquissant néanmoins un sourire… Et euh... Non. Oups ! Madame est vraiment en colère ! De toute évidence, ses yeux tout noirs aux sourcils froncés laissent peu de place à la confusion quand à sa réelle colère... Très vite, je cherche ce que j’ai dans les mains et avec quoi j’ai pu commettre l’irréparable faute mais je n'ai qu’un torchon à la main. Je viens tout juste d’essuyer la table. Je ne comprend pas et c'est devant mon regard interrogateur que Madame Wasabi me répondra "C’est le torchon pour la vaisselle !!" ... Ah ... Eh bien désolée ! Je ne le savais pas moi et il faut dire que ce n’est pas écrit dessus non plus ; Mais bon, à l'avenir je le saurais !

Voilà voilà. Les présentations sont faites.

A chacune des interventions que je réalise, Madame râle. Madame marmonne et lance des "Pfff ! N’importe quoi celle-là !". Madame grogne et n’est jamais satisfaite. Une fois la porte fermée, à peine le seuil franchi, Madame se jette sur le cahier pour barrer ce qui a été noté ! Tout cela m’est franchement pénible mais je prends mon mal en patience. Une heure par semaine, ça n'a rien d'insurmontable.

Je sais que Madame Wasabi a déjà fait pleurer certaines de mes collègues et moi, j'ai décidé que : Non ! Elle n’aurait pas ma peau ! Bien sur, il y a bien des fois où j'ai les larmes aux yeux sur certaines interventions en général mais ELLE, elle ne m’émeut pas. Elle m’énerve ! Du coup, pour me rendre la situation un peu plus tenable, je me suis inventé un petit jeu : Chronométrer le temps qu’elle prendra avant de faire sa première réflexion. En général, c’est plutôt rapide. Quelques minutes suffisent.

Malgré tout, je l’observe. Je vois les gosses du village se précipiter à sa porte, après la classe, pour venir l’embrasser. Je la vois leur distribuer des bonbons et tout ça me laisse perplexe alors que Madame Wasabi est connue comme le loup blanc au bureau ; Que ce même bureau ne sait plus qui envoyer parce que plus personne ne veut s'y rendre...

Comme le dit souvent mon amoureux, je suis un peu fleur bleue et j'aime croire qu’il y a forcément quelque chose de bon en chacun de nous. Alors, un jour, j’essaie. Je me lance et je m’accroupis près d’elle. Je lui parle doucement et lui demande ce qui ne va pas quant aux passages des intervenantes. C'est contre toutes attentes que Madame décide de me parler. Elle va jusqu'à sourire terminant même dans un rire la tête jetée en arrière ! Elle m'explique que les intervenantes changent sans cesse (Euh... Oui, là OK mais pour cause !!). L'horaire ne lui convient pas, etc.

Personnellement, je pense surtout que Madame Wasabi ne souhaite pas que nous passions. Tout simplement. Nous la dérangeons dans son petit train-train. Oui mais voilà ! Il ne s'agit pas de sa volonté mais de celle de Monsieur-son-fils... Mais peut être, y a t-il quelque chose à tenter.

La semaine suivante je me sens confiante de notre échange précédent et au premier grognement, je lui dis que j’ai pris soin de faire remonter ses doléances au bureau ; Que le nécessaire devrait être fait dans les meilleurs délais (Bon dans l’absolu, ça peut prendre beaucoup de temps mais bon...). Madame grogne encore et j’essaie de lui dire que le bureau fera au mieux pour arranger les problèmes d’horaires et de faire en sorte que… ARGH !!! ... Mais c'est qu' elle grogne de plus belle la bougresse !... Voilà. Voilà qu' elle repart à m’aboyer dessus ! ... Je vous le dis : Définitivement indécrottable ! ... Et ce que j’avais pris pour une lueur d’espoir n’était finalement qu’un leurre.

La vérité c'est que Madame Wasabi n'aime personne. Pas même les enfants qu'elle achète avec des bonbons pour quelques sourires. Parce que Madame n'accepte probablement pas sa condition de "vieille dame" imposée par Monsieur-son-fils qui effectue sa BA ; Lui collant quelqu'un dans les pattes pour se déculpabiliser. Il nous la refile en se donnant bonne conscience. Alors, Madame Peau-de-boudin trouve tout et n'importe quoi, la moindre petite chose pour râler. Il est impossible de l'aider car il est impossible d'avoir le moindre lien avec Madame Wasabi.

Quatre mois s'écoulent ainsi ; Avec ce don incroyable pour gâcher ma bonne humeur. La dernière fois que je me rend chez elle, c’est comme d’habitude. J’essaie de faire quelque chose. Elle grogne. Je remplis le cahier. Elle barre. Je fais signer ma feuille et la salue poliment et elle dit que je suis trop polie pour être honnête ! Incroyable ! Je tourne les talons. Je n'ai plus plus qu’une seule idée en tête : Partir vite me jeter sur une clope. Je m'apprête à refermer la porte quand je l'entend siffler "Pff ! Feignasse !" ... Impensable. Me voilà gratifiée de ce mot que j’ai en horreur ! On peut bien me reprocher des tas de choses mais surement pas celle d’être une feignasse !! Mon sang ne fait qu’un tour. Je suis piquée à vif. C'est vexée que je réouvre la porte de volée. Je la fixe et lui dit : - "Je vous ai entendu hein !! "

Je sens que je vais lui en balancer plein la tronche me fâcher très fort. Je décide de partir sur le champs.

J’ai envoyé un message à ma responsable pour lui expliquer les faits. Je lui ai fais savoir que je ne retournerais pas chez Madame Wasabi car il s'agit là d'un manque de total de respect que je ne saurais tolérer. La semaine suivante j'ai été envoyé sur un remplacement plutôt que chez Madame-peau-de-boudin. C’était parfait. Je n'y suis pas allée non plus cette semaine. Ce soir, je récupère mon nouveau planning ; Celui du mois prochain et devinez quoi ? Si si ! Dans le mile ! Mardi à 11h30, c'est qui ?? C'est Madame Wasabi !

Mon travail est dur parfois ; Mais croyez-le ou non, ce n’est rien à côté de la non-communication au sein de l’Aquarelle. Je viens d’en avoir encore la preuve... Quoi qu’il en soit, je ne retournerais pas chez Madame Wasabi. Je ne l'aime pas et madame Wasabi ne m'aime pas non plus. Madame Wasabi n’aime personne.

Publié dans Mes coups de gueule

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